La partie de l’opéra

La partie de l’opéra est l’une des plus célèbres parties d’échecs. Elle fut jouée en 1858 par Paul Morphy, qui était opposé au duc de Brunswick et au comte Isouard de Vauvenargues, qui jouaient en consultation. Elle doit son nom au fait qu’elle s’est déroulée dans une loge de l’opéra à Paris.

Paul Morphy, alors âgé de 21 ans, avait remporté un an plus tôt le premier congrès d’échecs américain et faisait de 1858 à 1859 un voyage en Europe, pendant lequel il s’avérera être le meilleur joueur au monde.

Cette ouverture, dans laquelle les Noirs défendent le pion e5 avec le pion d, s’appelle la défense Philidor.

Les Blancs disposent maintenant d’un mat en deux coups. Voyez-vous comment ?

Ce n’était pas la première fois que le Duc de Brunswick provoquait un scandale à l’opéra. Plus d’un an auparavant, le 22 septembre 1857, la Gazette de Paris avait publié un article signé Paul Raymond-Signouret dont voici un extrait :

Cette année, il [un duc qui n’est pas nommé] a acheté un jeu d’échecs, chef-d’œuvre de ciselure et d’incrustation, fabriqué par un de nos plus habiles joailliers ; et au lieu de le faire apporter chez lui et de le confier aux joueurs émérites, qu’il convie parfois à partager ses luxueux loisirs, il l’a envoyé dans sa loge du Théâtre Italien. À chaque représentation, on peut voir le duc et ses intimes groupés dans une avant-scène, au rez-de-chaussée, autour d’une table de jeu, ouvrage du célèbre Goujon.

Jusqu’à présent, cependant, cette nouvelle fantaisie avait été peu remarquée ; mais voici qu’à la dernière représentation de la Traviata une discussion est survenue entre ses partenaires, à propos d’un coup douteux. Déjà le public, troublé dans ses jouissances musicales, manifestait très sévèrement son mécontentement, lorsque l’intervention de M. Calzado, directeur du théâtre, a fait cesser la discorde et a permis à Mme Saint Urbain de recommencer et de terminer sans encombres ce mélodieux andante du troisième acte si malencontreusement interrompu.

Le duc est enchanté de cet incident. Il ne pourra peut-être plus jouer aux échecs dans sa loge; mais on va parler de ce petit scandale au moins pendant huit jours, et pour lui c’est une compensation plus que suffisante.

La partie de l’opéra est l’une des 26 parties contenues dans notre livre intitulé Paul Morphy, le champion d’échecs, qui retrace le voyage de ce champion en Europe avec de nombreuses anecdotes et informations historiques.

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