Cet article donne un aperçu de mes recherches sur Malvina Morphy, l’une des deux sœurs du célèbre joueur d’échecs Paul Morphy.
Malvina est l’ainée des quatre enfants d’Alonzo Morphy et Telcide Le Carpentier.
La recherche commence par le site geni.com , où l’on apprend que Malvina est née le 5 février 1830 à La Nouvelle-Orléans, et décédée dans cette même ville le 13 juin 1894.
Je recherche également les informations sur https://www.geneanet.org/ . On y trouve un lien vers l’index des mariages de La Nouvelle-Orléans, période 1846 – 1880. Malvina Morphy a épousé John Dorius Sybrandt le 15 août 1849.
John Dorius Sybrandt était né le 6 mai 1822 à Tromsø, en Norvège. Il décèdera peu de temps après Malvina, le 21 septembre 1894 à La Nouvelle-Orléans. Source: Johannes Dorius « John » Sybrandt : généalogie par Philippe BLACHE (mancepes) – Geneanet
Ils ont quatre enfants:
- Marie Sybrandt née vers 1856 à la Nouvelle-Orléans
- Edward Sybrandt né vers 1857 à Kingston upon Thames, Greater London
- Alonzo Sybrandt né le 13 Août 1858 à la Nouvelle-Orléans
- John Edward Sybrandt né le 6 novembre 1864 à Paris
Une naissance à Paris
En recherchant sur le site État civil à partir de 1860 – Actes d’état civil – Archives de Paris je trouve l’acte de naissance de John Edward Sybrandt:
La naissance est déclarée par Julie Lutetia Guyol de Guiran, veuve Andry, agée de 39 ans. Une recherche sur FamilySearch nous permet de retrouver sa trace: Julie Lutetia Guyol de Guiran (également orthographié Julia Letitia Guyol) était née en 1826 en Louisiane. Elle avait épousé Louis William Andry, né en 1820 à La Nouvelle-Orléans et décédé en 1862 dans la même ville. Ils avaient deux enfants, Félicité Louise Andry (né en 1842) et Ovide DeBuys Andry (1845 – 1901). En 1860 leur résidence est à La Nouvelle-Orléans.
Il semble donc que la famille Sybrandt connaissait Julie Lutetia Guyol de Guiran avant de venir à Paris, et qu’ils ont pu être hébergés chez elle, au 49 rue Galilée, durant leur séjour à Paris.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là: Paul Morphy était né en 1837 au 1113 Chartres Street, à La Nouvelle-Orléans, dans une maison que son grand-père Joseph Le Carpentier avait fait construire. Cette maison est vendue le 21 juin 1841 à Josephine Laveau Trudeau Andry (1787 – 1849) (The Collins C. Diboll Vieux Carré Survey: Property Info (hnoc.org)). Elle avait été l’épouse de Manuel Bernard Noel Andry (1758 – 1839) qui avait eu d’un premier mariage avec Marie Marguerite Thomassin (1767-1814) trois enfants dont Emmanuel Michel Andry (1784-1835), qui lui-même eut 6 enfants dont Louis Andry; l’époux de Julie Lutetia Guyol de Guiran.
Google maps nous permet de localiser le 49 rue Galilée actuel:
On peut trouver un plan de Paris en 1864: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53062289v
Sur ce plan, la rue Galilée n’existe pas:
L’explication est la suivante: le chemin de Versailles (c’est apparemment le nom de la rue marquée ch. de Versailles, qui ne signifierait donc pas château de Versailles) venait juste d’être renommé rue Galilée le 24 août 1864 (source: Rue Galilée — Wikipédia (wikipedia.org)).
Nous ignorons combien de temps Malvina habita à Paris, et si elle séjourna au 49 rue Galilée durant tout son séjour à Paris.
Opérations immobilières à La Nouvelle-Orléans
La page The Collins C. Diboll Vieux Carré Digital Survey, que nous avons déjà citée, permet de trouver d’autres informations intéressantes: John Sybrandt avait acquis le 18 septembre 1854 de John Baptiste Maureau un bien au 1022 Conti Street. Le couple Sybrandt vend ce bien le 15 juillet 1860 à Samuel G. Ferguson pour 9000 $, mais le rachètent le 2 octobre 1866 pour la même somme. John Sybrandt revend finalement ce bien à Michael Ross Haggerty le 16 février 1867 pour 12000 $.
La famille Sybrandt a-t-elle vécu à Paris de 1860 à 1866 ?
Un voyage à New York
Enfin, nous avons trouvé la trace d’un voyage de la famille Sybrandt à New York en juin 1860. Les archives du New York Times (https://nyti.ms/3RrZUCF) nous apprennent en effet que Mr. et Mrs Sybrandt, 3 enfants et 2 domestiques sont arrivés le 19 juin de La Nouvelle – Orléans, en passant par La Havane, sur le bateau à vapeur De Soto.
Devaient-ils embarquer pour la France peu après ?
Conclusions
Après 160 ans, retrouver la trace de Malvina Morphy et de la famille Sybrandt peut sembler une tâche impossible. Cette recherche, véritable enquête policière, nous a tout de même permis de voyager de La Nouvelle-Orléans à Paris au milieu du 19e siècle.
Ce voyage dans le temps et dans l’espace, c’est aussi celui auquel nous vous convions dans le livre Paul Morphy, le champion d’échecs. A lire absolument si vous aimez le jeu d’échecs et l’histoire !