Le texte et la partie ci-dessous sont tirés de l’ouvrage Vie et parties de Mikhaïl Tal, Tome 1 : A la conquête du titre mondial !
De tous les champions du monde, Mikhaïl Tal, « le magicien de Riga », fut
le plus grand attaquant. Dans cette autobiographie, il retrace sa
carrière extraordinaire avec charme et humour.
De santé fragile,
la vie de Tal sur le circuit échiquéen fut ponctuée par de fréquents
séjours à l’hôpital à cause de problèmes rénaux chroniques. Cependant,
aucun ennui de santé ne put jamais émousser son amour pour le jeu
d’échecs et son génie sur l’échiquier.
Tal analyse ses parties
captivantes en les jalonnant d’anecdotes qu’il raconte à un interviewer
imaginaire. Sans faux-semblants, il évoque les hauts et les bas de ses
rencontres contre tous les meilleurs joueurs du monde avec beaucoup
d’objectivité.
Les annotations de Tal sont particulièrement
pénétrantes et le lecteur apprendra beaucoup en écoutant Tal expliquer
comment il préparait ses rencontres, puis l’entendre raconter les
rebondissements psychologiques durant celles-ci.
Mais laissons la parole à Mikhaïl Tal…
Tout joueur d’expérience (et pour mon plus grand malheur, je fais dorénavant partie de ceux-là) connaît ce sentiment bizarre que l’on éprouve lorsqu’on entreprend d’annoter ses premières parties. D’un côté, on les rejoue avec une sorte de nostalgie tendre, de même que l’on regarde un vieux film de famille filmé par ses parents durant nos premières années ou nos premiers mois, ou bien un vieil album photo familial ; d’un autre côté, la main qui écrit serait tentée de mettre un point d’interrogation presque à chaque coup joué.
En général, je n’aime pas annoter les parties des autres. Je considère en effet qu’il est très difficile d’entrer dans les pensées d’autrui, de supposer les chemins pris par ses variantes, et je crois qu’il vaut mieux se focaliser sur ses propres productions. Je préfère en général annoter mes parties à chaud, alors que tout le contexte, les espoirs, soucis et déceptions suscités par la partie sont encore suffisamment présents dans mon esprit. Mais je ne peux pas en dire autant pour ces quelques parties qui vont être présentées maintenant.
En fait, je ne serais pas crédible si j’y mentionnais ce type de phrase : « En réponse à cela, j’avais préparé la variante suivante… » Le lecteur me ferait alors remarquer, et à juste titre, que le grand maître que je suis devenu « se la raconte », vu que la plus vieille de ces parties a 25 ans et la plus récente tout de même 20 ! Je vous prierai donc d’être indulgents avec mes annotations forcément « stylisées ».
La partie suivante fut jouée au championnat du Palais des pionniers, à l’époque du début de « l’âge d’or » des jeunes talents lettons. Si mes souvenirs sont exacts, A. Gipslis et Y. Klovans, qui allaient devenir quelques années plus tard des maîtres bien connus, jouaient alors au Palais des pionniers. J’essayais à cette époque d’y atteindre, mais sans succès, la première catégorie Elo. À regarder de plus près la partie suivante, on comprendra aisément pourquoi.
